« Hey, good morning Monstropolis ! Au quatrième top il est exactement six heures et cinq minutes dans la capitale des monstres. La température frise les trente-cinq degrés. Bonne nouvelle pour vous les rampants, on aurait peur de ne pas profiter de cette langueur pour faire une grasse mat'. Puis on sait, ou seulement secouer cette FEIGNASSE QUI VA DEFONCER SON MATELAT ! DEBOUT SU-LLYYYYYY ! » et bam, un bon coup de klaxon dans les oreilles ! C'était le rituel, tous les jours, à six heures cinq précisément, je réveillais mon meilleur ami et colocataire Sully, pour qu'il se prépare avant de partir au boulot. Évidement, j'étais réveillé avant lui, parce qu'à six heures cinq, c'était le plus important : entrainement du Sully les amis ! Et tout ça par le merveilleux, le magnifique, le sublime coach .. Moi. Et hop, même s'il n'avait pas demandé le service du réveil ce matin-là, il m'écoutait au doigt et à l'oeil et commençait son entrainement comme un militaire : des pompes, des cris, des petits pas pour entrer silencieusement dans les chambres, et hop, il se couchait si l'enfant se réveillait, il lui fallait des réflexes vifs et rapides. Puis il s'entraînait à faire peur dès qu'un enfant se rendormait, et même s'il y avait des jumeaux dans des lits superposés. Avec un faux enfant dessiné par moi et tenu par un bout de bois, il devait continuer à mettre en pratique ses réflexes si l'enfant courait, et surtout, si l'enfant s'approchait trop près de lui. Puis, grâce à sa corpulence, il poussait pleins d'objets de la maison avec moi dessus pour ce faire les muscles. Évidement avant de partir au boulot : DÉTRUIRE LA PLAQUE EN SE LAVANT LES DENTS ! Là encore, j'étais là pour le coacher, et ouais, la plaque dentaire ça peut être terrible ! Puis on est reparti pour une série d'abdos, jusqu'au moins cent-vingt ! Héhé, ça c'est mon Sully !

Et puis, ma grande fierté : me voir à la télé. Chaque matin, dès que la publicité passe pour l'usine « Monstres & Cie » j'ai la joie, avec Sully, de m'admirer à l'écran. Oui on peut le dire : je suis une vrai star ! J'aime ça, qu'on me regarde, que tous les yeux soient braqués sur moi, qu'on m'admire et qu'on m'aime. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est comme ça. Ça flatte mon égo, et puis on peut l'avouer, je passe plutôt bien à l'écran. Je suis magnifique, c'est comme ça. Même Sully est jaloux de moi, depuis la maternelle en plus, c'est vous dire ! Puis direction l'usine, comme chaque jour. Habituellement, on y va dans ma super belle voiture rouge, qui a besoin de rouler. Mais des fois, aller savoir ce qu'il se passe dans la tête de mon meilleur ami, il veut qu'on marche. QU'ON MARCHE. Et il ose me dire que c'est bon pour nous, que ça nous fait faire de l'exercice ... Mais j'en ai pas besoin moi. Bob Razowski est toujours parfait, c'est la règle d'or. Si j'ai pris une voiture c'est pour pouvoir la conduire, pour flâner devant les filles à chaque feu rouge, je n'ai aucune envie de me fatiguer à marcher. Mais je n'ai pas le choix dans ces moments-là. Le pire, c'est que je suis tout petit, ça met des plombs à aller à l'usine. Puis nous y voilà, l'usine. Tout le monde nous connait Sully et moi, alors le matin, c'est bonjour par-ci, bonjour par là. Et le mieux dans tout ça, c'est le tableau du meilleur employé du mois. C'est toujours Sully qui y est, car il défonce tous les records, mais étant son assistant, c'est quand même grâce à moi qui lui amène les portes et grâce à mon entrainement sans faille qu'il arrive à être aussi bon, alors j'ai toujours une petite place dans la photo. Et puis je vois ma copine, Célia. Je lui sors de deux-trois phrases de grands séducteurs, parce que je suis comme ça moi, et en plus, pour son anniversaire, je lui ai réservé le grand jeu : une table au plus cher restaurant de la ville, il faut des mois avant de pouvoir réserver. Mais je l'ai fait, et elle en est juste hyper heureuse. Et oui, je gère. Sully et moi continuons notre chemin, direction le vestiaire, et voilà le gros point noir de la journée : Léon. Le monstre le plus moche de Monstropolis pour sûr, et le pire, c'est qu'il croit vraiment pouvoir battre Sully et exploser le record. Il est toujours là à menacer les gens, à montrer sa supériorité, mais il est vraiment nul au fond. « Hm il m'énerve ! Un de ces quatre je vais vraiment finir ... Par te laisser lui flanquer une bonne leçon ! » Bah oui, je ne suis pas complètement débile non plus. Je sais que je suis tout petit et mince par rapport à ce grand Sully, il vaut mieux que ce soit lui qui s'en occupe, vous voyez ? Petit détour chez Germaine pour commencer la journée, rien de mieux ! Je n'ai toujours pas remis le dossier qu'elle veut depuis des lustres, et j'essaie de m'en sortir en parlant, disant n'importe quoi, essayant de la séduire ... Ce qui ne marche pas. Elle m'a à l'oeil, je le sais, mais je crois qu'au fond, je dois lui plaire. Non ? Enfin. La journée démarre, et j'appelle la porte de Sully. La nuit étant tombée sur la côte est, c'est à Sully et les autres de jouer et de les effrayer pour ramener de l'électricité dans la ville. Un dernier encouragement comme le super pote que je suis, Sully entre dans l'arène et comme d'habitude est le meilleur. Il a même ré-exploser son record, qu'est-ce que je l'adore.

La soirée pour l'anniversaire de Célia était tout simplement parfaite. On mangeait bien, on était bien, que tous les deux, je lui faisais mille-et-un compliment et je gagnais encore plus de points dans son coeur. On aurait pu rester comme ça toute la vie. Enfin, si Sully n'avait pas ramené ses fesses au restaurant. On essayait de parler le plus discrètement possible derrière un menu, et franchement, je ne captais pas grand-chose à ce qu'il me racontait. Porte, Léon le chacal, sac ? De quoi il parlait franchement ? Des fois, je me demandais s'il parlait bien anglais. Et puis je vu son sac. Son sac à patte. Dans le restaurant. Au milieu de beaucoup de monde. Qui marchait sans bien voir où il allait. Puis le sac s'enleva, et là, en plein milieu du restaurant, une petite fille. Fallait que je file, fallait absolument que j'arrête le massacre, même si deux minutes avant j'étais en tête-à-tête avec Célia. Évidement, l'enfant ne pû retenir un rire, et le restaurant se retrouva déserté à la simple mention d'un « bou ! », les monstres ayant trop peur de se faire contaminer. C'est là que tout commença. Notre folle péripétie. On l'enferma rapidement dans un carton pour mettre les plats et on se dépêchait de rentrer chez nous, avant que les CDA nous arrêtent pour nous décontaminer. Je laissais Célia derrière-moi, et je savais qu'elle n'allait pas me pardonner si facilement la prochaine fois que je la verrai.

Alors bien sûr, nous devons ramener le petit monstre à la maison, histoire qu'on ne se fasse pas attraper si jamais quelqu'un nous trouve avec elle : c'est absolument hors de question que l'on se fasse prendre et qu'on nous décontamine ! Sully sans poils se serait horrible, disparu le gros monstre à poils qui fait le plus peur aux enfants. Et moi, je n'ose même pas m'imaginer ce que la décontamination me ferait. Alors on est là, moi paré avec mes palmes aux pieds et mes gants de cuisine à chaque main, histoire d'être le moins en contact avec l'enfant. Sauf que c'est une vraie petite peste, une terreur absolue ! On ne peut même pas regarder les informations pour voir ce que va faire la ville contre l'enfant qu'elle nous casse la télé ! MA TELE ! Ma précieuse télévision dans laquelle j'adore regarder mes programmes préférés. Comment je vais faire moi maintenant hein ? Je vais juste mourir. SAUF QUE NON PAS TOUT DE SUITE, ALARME ALARME, LE PETIT MONSTRE TOUT MOCHE S'APPROCHE DE MOI, JE REPETE LE PETIT MONSTRE TOUT MOCHE S'APPROCHE DE MOOOOOOI ! Sully et moi nous écartons vite, avant qu'elle nous touche. NON MAIS SERIEUSEMENT, ELLE N'A PAS L'AIR DE COMPRENDRE QUE SI ELLE NOUS TOUCHE ON VA MOURIR ? C'EST UN VILAIN MICROBE TOUT PUANT ET EN PLUS, CA LA FAIT RIRE A LA PETITE, ELLE CROIT QU'ON JOUE A TRAPPE-TRAPPE LA ? NON, ON SURVIE PENDANT QU'ELLE EST MORTE DE RIRE DE NOUS VOIR PANIQUER POUR NOTRE VIE. On peut entendre de l'appartement le bruit des hélicoptères qui recherchent l'enfant, et à peine j'abaisse le store pour qu'elle reste caché, la petite peste le ré-ouvre, pensant que c'est marrant pour nous. NON MAIS ELLE DEBILE OU QUOI, ELLE VEUT VRAIMENT SE FAIRE PRENDRE ELLE ? Je le referme et ça la fait rire, avant qu'elle reparte s'amuser autre part, faisant tomber toute ma collection de CD que j'avais rangé dans l'ordre. Bon, respire Bob, RESPIIIIIIIIIIIIRE. Tant qu'elle ne m'éternue pas dessus ni ne me touche, ça va, je peux gérer. Et bam. Évidement, il suffit que je dise un truc, pour que de suite, je n'ai absolument pas de chance. Elle vient de m'éternuée dessus la peste ! Ni une ni deux, je pousse un cri de frayeur et munie de ma bombe, je m'asperge l'oeil. UH OH, MAUVAISE IDEE. CA PIIIIIIIIIIIIIIQUE, et me voilà, criant encore plus. Sérieusement, je vais mourir avec ce monstre dans la maison. Puis Sully trouve ma peluche, et voyant qu'elle avait l'air intéressée, il l'a lui passe pour qu'elle se calme, et là, NON, PAS QUESTION, NO WAY. C'est ma peluche à moi, celle que j'ai depuis que je suis petit, et il veut lui passer ? Je ne peux pas voir ça. J'attrape vite mon nounours, ne voulant pas la laisser avec. Et elle commence à pleurer, nous montrant clairement qu'elle va nous faire un gros caprice. Mais non, je ne voulais pas lui passer. On pouvait dire à quel point je me montrais égoïste, à quel point je n'étais qu'un possessif qui faisait chier le monde. Je sais, je pouvais faire un effort tout de même, lui donner ma peluche. Mais j'étais comme ça, pas partageur, encore moins avec une humaine qui risquait de me faire mourir. Et elle crie, de rage, de mécontentement, jusqu'à pratiquement faire sauter l'électricité de toute la ville. Heureusement Sully est là et essaie de la faire taire, lui chantant une petite comptine. Jusqu'à ce qu'elle le touche, et que mon buddy Sully pousse un cri. Faut pas croire, il est effrayant Sully lorsqu'il veut faire peur ou qu'il a peur lui-même, c'est d'ailleurs pour ça que la petite ce remis à pleurer d'un seul coût. Et finalement, c'est moi qui sauva le jour. Voulant lui donner ma peluche, je me dépêche de courir palmes aux pieds, et je me casse la gueule. De là, je tombe dans la poubelle, la moitié de mes livres trouves places dans ma bouche, et une très lourde stéréo s'écrase sur ma tête. Vraiment, c'était très plaisant. Me voyant moi et ma fidèle maladresse, la petite éclata de rire et ... fit exploser tous les compteurs électriques de la ville, oui.

Et le lendemain, nous voilà avec une humaine déguisée en monstre, direction l'usine. Nous mais sérieusement, je me demande où il va chercher ses idées des fois, il est complètement fou Sully ! On va nous capter de suite, et on va se faire bannir. Ouep. A peine entré, une énorme équipe de CDA étaient en place, cherchant quelconque trace d'humain. Et ce bougre de Sully ose me dire de ne pas paniquer ! Putain, on est foutu quoi. Et en plus la petite par comme ça, elle a cru qu'elle était à la maison à sauter des bras de Sully sans qu'on s'en rende compte. On se dépêche, inventant une histoire de famille rapidement pour ne pas se faire prendre et se dirigeant vers le vestiaire des mecs parce que ... Sully et moi, on est des mecs. Et puis elle a quoi, trois ans ? Elle ne va pas faire la différence entre vestiaires des filles et vestiaires des garçons, des fois Sully se prenaient vraiment trop la tête pour rien. En attendant que Sully s'occupe de la petite, je me fais beau vite fait et je vais voir Germaine, cette fameuse Germaine. 'avais besoin de l'accès de la porte pour faire retourner la petite peste chez elle et elle seule pouvait me la donner. J'arrive, lui offre mes plus beaux compliments ... Qui ont l'air de lui faire ni chaud ni froid : elle a vraiment un coeur de glace cette Germaine ! Mais non elle reste encore sur cette histoire de rapport non rendu, et elle m'écrase même les mains au passage ! De retour aux toilettes, je vois Sully chercher la petite ... IL A OSÉ LA PERDRE ? Ouf, non, elle se cachait juste et se dépêche de monter sur le bras de Sully, pleurant. Entendant des voix, on se dépêche de rentrer tous dans des toilettes, nos pieds sur la cuvette, histoire de ne pas se faire remarquer. Évidement, c'est encore lui, ce Léon. Pensant avoir entendu du bruit, il se met à foutre des coups de pieds dans toutes les portes. IL EST MALADE OU QUOI ? IL VA NOUS VOOOOOIR ... Les coups s'arrêtent, il parle avec son assistant. Puis un dernier coup, sur notre porte. C'est foutu, c'est foutu .. Sauf qu'il ne nous regarde même pas, et ils repartent tous les deux. Oh mon dieu, la peur de ma vie quoi ! Et en plus de ça, mes pieds glissent dans la cuvette, c'est dégelasse.

Aller, il est tant pour nous de laisser la petite, qu'elle retourne dans son monde : je prends une carte d'accès, la passe et une porte arrive. Sully ne me croit pas quand je lui dis que c'est ça porte, mais franchement, on s'en fout à qui appartient cette porte ! La mission c'est de la retourner dans son monde, et qu'elle ne nous fasse plus chier. On risque notre vie nous, notre boulot, elle n'a pas l'air de comprendre. En plus, cette porte est vachement chouette, y a pleins de personnes qui jouent de la musique, elle ne pouvait pas rêver mieux. Mais Sully la referme. Ce n'est pas la porte de Bouh qu'il me dit. Bouh ? C'est qui Bouh d'abord ? C'est quoi l'embrouille ? Mon dieu ... Il lui a donné un petit nom. Il a osé donner un petit nom à cette chose. Il va s'attacher d'elle, puis ne va plus pouvoir la lâcher. Pauvre de nous. Et voilà, on tourne le dos de seconde qu'on re-perd la petite. Mais ... Serait-ce un miracle, une lumière dans le paysage ? Serait-elle partie rejoindre son monde de son grès ? Mais oh, monde cruel, revoilà Sully le déterminé, déterminé à retrouver cette gamine, déterminé à tout foutre en l'air. C'est bon, elle est partie ! Laissons quelqu'un d'autre s'en occuper non ? Sérieusement, pourquoi se créer autant de problèmes ? Enfin, on a fait ça toute la journée : perdre l'enfant, retrouver l'enfant, croiser et se faire agresser par Léon-le-tout-moche, reprendre l'enfant, essayer de ne pas se faire décontaminer ... Une folle journée quoi. On a même cru Bouh morte ! Je n'avais jamais passé de journée plus exténuante et pleines de rebondissement. Plus après tout ça, le directeur l'a vu. Bouh. Il a su que c'était nous, que tout était de notre faute.

Et puis bam, nous voilà jeté dans une porte, tout droit le monde des humains. Encore, cela aurait pu être drôle de se faire bannir avec son meilleur pote, comme des vacances non prévu dans un endroit très très très froid ... Enfin, déjà qu'on était banni en Himalaya avec un yéti poilu, mais en plus, il n'arrêtait de parler d'elle ! Vive l'ami ! Il était tout mou et dépressif, assis dans son coin à dire à quel point on l'avait laissé seule ... Et ça m'énervait parce qu'il ne devait pas se sentir comme ça, qu'il soit mal car on a été bannit, d'accord, mais surement pour un enfant ! Alors je me suis mis à l'attaquer avec des glaces de boules de givre, que le yéti nous avait fait pour qu'on puisse manger. Sérieusement, moi je suis là, toujours à ses côtés lorsqu'il a des problèmes pour l'aider à s'en sortir, je me fais bannir à cause de lui, je pense qu'à notre amitié parce que pour moi c'est le plus important, mais lui, il s'en fout complètement le Sullivan. Son esprit s'est arrêté qu'à une chose : Bouh, Bouh, Bouh. Petite fille de malheur ! Il se rendait malade pour cette fille, pire qu'un dépressif ! Il a osé me dire que plus rien n'avait d'importance, vous vous rendez compte ? Autant dire que je ne servais à rien dans sa vie et que je comptais pour du beurre, puisqu'il ne lui fallait que l'arrivée d'une humaine pour me remplacer ni une ni deux. Et là, je commençais à lui parler comme une nana qui venait de se faire larguer, j'étais pathétique, mais c'était ce que je ressentais. On était meilleurs amis depuis toujours, on avait fait plein de projets pour le futur, j'étais toujours là à le soutenir, à vouloir qu'il batte ses records à l'usine, qu'il soit heureux ... Et lui, au final, ne pensait pas une seule fois à moi, ne pensait pas à mon bonheur, il s'en foutait complètement. Putain, j'aurai pu mourir rien qu'en ayant touché cette fille, il ne se rend pas compte de l'importance du truc ! Il s'était mit à me sortir des excuses à deux balles, comme quoi il fallait que l'on sauve Bouh tout de même, mais moi je m'en foutais là ! Je n'avais pas besoin de ça, je ne voulais pas entendre ça. Et en plus il osait croire que j'allais l'aider ? Il a cru à ses rêves ou j'ai pas bien compris ? Désolé buddy, mais il n'y avait certainement plus de « nous » dans cette histoire. Il n'avait pas l'air de comprendre que je n'étais pas qu'un bouche-trou déposé là à aider les autres dès qu'ils en avaient besoin puis à me faire jeter et remplacer comme ça. Je valais mieux, non ? Et lui partait jusqu'au village, sauver une fille qu'il ne connaissait même pas l'existence quelques jours auparavant, laissant son meilleur ami de côté comme si je n'existais plus pour lui. J'étais blessé, au plus profond de moi, je le lui montrait clairement, et il s'en foutait, il partait quand même affronté le blizzard pour elle. Je ne pensais pas qu'il le ferait, je pensais qu'il reviendrait, qu'il reviendrait sur ses paroles mais non, rien de tout cela. Mon dieu, elle est belle l'amitié.

Et puis je suis revenu. Parce que franchement, on peut le dire, je suis un super ami quoi. Peut-être que lui s'en foutais de moi, mais ce n'était pas le cas pour moi qui me souciait de lui. Alors je suis retourné à l'usine, et j'ai fais une entrée fracassante pour qu'il me remarque bien : à peine entré, je lui jeté une boule de glace. En plein dans la tronche héhé ! Je n'ai peut-être qu'un seul oeil, mais au moins il est vif et précis ! Il me regarda étonné, et je trouvais que c'était un bon commencement que de déblatérer de suite mon monologue, racontant à quel point l'enfant je ne m'en foutais pas complètement mais qu'il n'aurait quand même pas dû me laisser seul là-bas dans tous les cas, et qu'il fallait qu'on mette rapidement les choses au clair. De son côté, il n'arrêtait pas de bouger, mais je continuais à parler sans y faire attention, car il fallait que ça sorte. Même Bouh est arrivée à mes côtés en bougeant comme une excitée, et elle avait raison, Sully était un mec trop sensible ! Ou du moins, c'était ce que je pensais qu'elle essayait de me dire à ce moment-là. Et puis mon gros monstre de meilleur ami commença à me faire les violons pour bien me culpabiliser, et sérieusement, j'allais être au bout des larmes. Mais je continuais ma phrase, lui disant à quel point j'étais désolé mais que son super Bob était enfin de retour pour l'aider. Le truc, c'est qu'il avait toujours l'air ailleurs, et ça ma vite saoulé. C'est vrai quoi, je prends la peine de lui parler, je lui ouvrais mon coeur, et lui n'était pas foutu de se tenir tranquille pour m'écouter deux secondes ! Alors je décidais de lui relancer une boule de glace dans la gueule, espérant le réveiller un peu. Et ce n'est pas sa tête que j'ai touchée en fait. Plus tard, lorsque l'on racontera cette histoire, on se marrera un bon coup et ça restera un bon souvenir de mon inattention. Mais là tout de suite, ça ne devait pas être si marrant pour lui, parce qu'en fait, pendant que je parlais comme un perroquet, mon buddy Sully se faisait attaquer et étrangler par Léon-le-tout-moche ! Enfin, grâce à ma super boule de glace je nous ai tous sauvé, sisi ! Sully à réussit à se défaire, nous à attrapé moi et la petite humaine, et on s'est vite taillé de là pour prendre de l'avance sur Léon. Tout cela grâce à moi et à mon oeil de cyclope vif ! Et oui, on a toujours besoin d'un petit noeilnoeil chez soi !

Et là, je vous assure, on a fait dans « Monstres & cie » LA plus grosse course poursuite de tous les temps. Sérieusement, même les productions Hollywoodiennes n'en font pas d'aussi fantastique ! On était là, Léon à nos trousses, passant dans des portes, ressortant par d'autres, se tenant sur certaines, essayant de semer Léon, et on est même arrivé à visiter des îles, l'Asie et même la tour Eiffel. Tout ça pour retrouver la porte de la petite et la laisser dedans, histoire que Léon n'ai pas l'enfant. On a failli mourir Sully et moi alors que Léon avait réussi à prendre Bouh, mais ça c'est une autre histoire. Enfin, tout ça s'est fini ... Plutôt bien. Mais il fallait dire au revoir à Bouh, et on ne la reverrai plus jamais. Malgré tout, elle était arrivée à m'attendrir, et qu'est-ce que j'adorais comment elle prononçait mon nom, toute contente. Je la serrai tendrement contre moi, et même si tout n'avait pas été rose, on avait quand même bien rigolé et on s'était bien amusé. J'avais même envie de pleurer, pour de vrai. Les adieux de Sully et Bouh furent plus long, mais c'était normal : dès le début il s'était attaché à son adorable bouille et à ses rires, se devait être encore plus horrible pour lui. Et puis on détruit la porte, pour que plus jamais personne ne puisse la rouvrir. Enfin, c'était sans compter l'intelligence, la magnificence, l'héroïsme et le génie de ce cher Bob - héhé, c'est moi ! Je ne suis pas si débile hein, l'idée m'est venue comme ça, ziiiiiup ! Et si je recollais la porte ? En plus, ça me ferai faire un puzzle géant, et dieu seul sait que j'adore les puzzle. Et voilà, comment l'histoire ne prit pas fin où on aurait pu le croire : Grace à ça - et à moi - on a pu revenir voir Bouh quelque fois, la voir grandir, s'épanouir. Sully y allait beaucoup plus que moi, leur lien était bien plus fort, ça se comprenait. Enfin, jusqu'à ce qu'elle soit trop grande pour continuer à parler avec des monstres comme nous.

Et puis un jour, malheur quand je me suis réveillé. Adieu corps de rêve, adieu magnifique peau verte, adieu oeil cyclonique vénéré. Enfin, après, je me suis regardé dans le miroir, et je me trouvais quand même assez magnifique avec ces bouclettes brunes sur la tête, ces abdos sculptés sur mon corps et une vision de ouf depuis que j'ai deux yeux ! Ouais, j'étais plutôt beau-goss aiiiiiiight ! Sauf que je n'étais plus dans mon monde, je n'étais plus dans mon lit, plus dans ma maison, et il n'y avait plus mon colocataire et meilleur ami Sully. Ayant côtoyé beaucoup d'enfants humains avec mon boulot à l'usine, je compris assez rapidement de qu'elle race j'étais devenu. Un humain. C'est assez ironique quand on pensait avant qu'un seul contact avec eux pouvait nous faire mourir. Et j'étais seul. Trop seul. Il fallait que je retrouve Sully, a tout pris. Et puis .. Bouh aussi tant qu'à faire. Cela faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas vu, et c'était vrai que sa bouille me manquait.