Il était une fois, il y a fort longtemps, dans un pays lointain, un royaume. C'est lors d'un hiver dur et glacial, que la Reine de ces terres montait lentement dans l'une de ses tours, resserrant la cape bleu roi autour de ses épaules en espérant y contrer le froid. Elle s'asseyait comme chaque jour au bord de la même fenêtre encadrée de bois d'ébène, et elle passait son temps à admirer la neige qui y tombait dehors, couvrant tout le royaume d'une épaisse couche blanche. Elle lâchait un soupir, distraite, alors qu'elle s'essayait au tricot, voulant parvenir à la création d'une couverture dont elle allait en avoir besoin, elle l'espérait, bientôt. Elle faisait partie de ses bonnes Reines, appréciée dans tout le royaume par sa gentillesse et sa bonté, et pourtant, son plus cher désir – et celui de son mari le Roi – n'arrivait guère à devenir réalité. Leur souhait était pourtant simple – ils désiraient un enfant, fille ou garçon, qu'ils pourraient chérir et couvrir d'amour. Simple, et pourtant, malgré leurs essaies, le sort s'acharnaient contre eux : la Reine n'arrivait guère à enfanter. Sa faible faible plaintive résonnait à peine dans sa tour, alors que par son manque d'attention, elle avait plantée le bout de l'une des aiguilles dans son doigt, se piquant. Elle regardait les trois gouttes de sangs tomber sur le commencement de sa couverture blanche, à quel point le vif du rouge contrastait merveilleusement avec le pâle du blanc, à tel point que ça lui faisait mal au coeur. « Si j'avais un enfant, au teint blanc comme la neige, aux lèvres rouges comme le sang et au cheveux noirs comme le bois d'ébène ! » Et peut-être que ses paroles furent magiques, qu'elles furent entendues par un dieu, là-haut, ou que cela libéra une magie inconnue. Quoi qu'il en soit, peu de temps après, la Reine se retrouvait enceinte, pour son plus grand bonheur et celle de son mari.

Le cri résonnait dans tout le château, alors que la Reine poussait péniblement. Des perles de sueurs coulaient sur son front, soulignant sa fatigue et la difficulté du moment, et l'une des sage-femmes tamponnait doucement sur son visage un linge imbibé d'eau, espérant l'aider. Son sang tachait les draps, et d'autres sage-femmes s'affairaient autour d'elle afin de l'aider au mieux lors de se pénible accouchement. Elle ressentait chaque seconde l'incroyable douleur de cette mise en couche, et même si elle criait, et qu'elle serrait les dents, elle ne pouvait être plus heureuse et ne se plaignait pas : c'était tout ce qu'elle avait voulu. C'est quelques heures plus tard que retentissait dans le château un autre cri, bien différent celui-ci. C'était le cri de quelqu'un qui n'avait jamais utilisé sa voix auparavant, qui n'avait jamais crié ; c'était le cri d'un nouveau-né, tant espéré par ses parents et par le royaume autour : c'était ton cri. Tu fus lavée rapidement, et puis enroulée dans une grosse et chaude couverture, qui t'aiderais à affrontée l'hiver coriace de ta naissance. L'une des femmes te posait dans les bras de ta mère, qui pouvait maintenant souffler, et qui avait l'air plus fatiguée et épuisée que jamais. Elle te serrait faiblement dans ses bras, avec toute la précaution du monde, avant de libérer dans un souffle ce qui deviendra ton prénom. « Blanche-Neige. » Elle prit quelques secondes pour t'admirer, et de ses doigts elle frôlait les quelques cheveux fin couleur ébène qui garnissaient le haut de ton crâne ; ta peau douce comme de la soie, et pâle telle une statue de marbre ; tes joues rosées par le froid et puis tes lèvres, minces mais rouge sang. Tu étais tout ce que ta mère avait toujours rêvée, et tu remplissais de toute les manières le souhait qu'elle avait fait ce jour-là au bord de sa fenêtre, des mois plus tôt. Alors qu'elle soufflait ton prénom plusieurs fois, comme pour s'assurer que les sage-femmes autour de vous aient bien entendu le prénom que tu porterais, elle finissait par se laisser aller, fermant ses yeux de fatigue après avoir déposé un seul et tendre baiser sur ton front.

Ce soir-là, c'est tout le royaume en plus du Roi qui fut partagé entre deux émotions : la joie d'avoir une petite fille, une magnifique princesse héritière, et la peine immense et les pleurs d'avoir perdu une Reine adorée et une épouse aimée.

Cela fut à ton père le Roi de t'éduquer, aidé de la servante du château. Il n'avait jamais fait ça, et il n'était surtout pas préparé du tout à devoir faire face à cela tout seul. Devoir prendre soin de toi sans ta mère était une étape effrayante, mais il se devait d'avancer. Il avait une petite fille qui allait grandir et à qui il allait devoir lui montrer la vie. En grandissant, tu étais une fille sage et pleine de grâce, douce, pleine de vie, et il n'était pas difficile de voir que tu étais une fervente adoratrice des animaux. Dès ton plus jeune âge, tu alternais entre cours de bonnes manières et cours d'équitation : une princesse se devait de savoir comment bien se tenir, comment bien parler, et c'était le genre de choses qu'il fallait apprendre le plus tôt, que tu devais presque avoir encrée en toi. T'as passé une enfance joyeuse, petite fille adorée de son père et qui l'adorait en retour, petite fille gâtée comme une princesse devait l'être, petite fille qui faisait face à l'absence quelque fois pesante d'une mère. Tu en savais peu sur elle, mais quelque fois ton père te prenait sur ses genoux et tu l'écouter te narrer des histoires sur leurs rencontre et sur ses grands yeux noisettes, sur sa gentillesse à toute épreuve et sur son coeur si pure et innocent. Il te disait que tu lui ressemblais, et pour toi c'était le plus beau des compliments qu'on pouvait te faire.